Interview de Mr Couplan

Quand on parle de phytothérapie ou d’huiles essentielles, certaines personnes sont incontournables. Leur nom vient de suite à l’esprit.

Parmi ceux-ci, j’ai eu le privilège et l’honneur de pouvoir interviewer François Couplan. Il s’agit d’une sommité dans la cueillette et l’utilisation culinaire des plantes médicinales.

De quoi commencer l’année en fanfare !!!

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Moi : Bonjour Mr Couplan, ravi d’être avec vous. Comment vous présenteriez-vous pour les personnes qui ne vous connaissent pas ? Votre profession, vous.

Mr Couplan : Ma profession c’est ethnobotaniste. C’est un hybride entre un ethnologue et un botaniste si on peut dire, pour parler étymologiquement. Concrètement c’est quelqu’un s’intéresse à tout ce qu’on peut faire avec les plantes. Je dirais même de façon plus large au rapport entre l’homme et les plantes à travers les âges et la planète. Déjà c’est une chose. Et quant à me définir moi, ben je peux me définir comme un être humain qui se pose des tas de questions et qui réussit à y apporter des éléments de réponses en développant une relation particulière avec les plantes. Je la compare à celle d’autres personnes mais paraît tout à fait logique, normale et simple pour moi.

Moi : Dans votre jeunesse, vous êtes parti en Amérique en solitaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce voyage ?

Mr Couplan : J’aimais le rock. Le rock de la côte Ouest, c’était évidemment un must pour moi. J’avais passé beaucoup de temps à Londres, à Amsterdam, dans les endroits comme ça, dans les festivals rocks et tout. Et puis, il fallait que j’aille voir ce qui se passait aux Etats-Unis. En fait, ce que j’ai découvert aux Etats-Unis, c’est qu’il y avait plus de nature que de rock.

Moi : Et c’est là que vous avez commencé à découvrir les plantes ?

Mr Couplan : Non, pas du tout. Les plantes, j’ai commencé à les découvrir quand j’avais 2 ans avec ma mère. Ou même avant mais je ne me souviens plus. Mais évidemment, quand j’ai débarqué aux Etats-Unis, j’ai découvert la flore américaine et c’était trop fabuleux. J’ai trouvé tout ce qu’il y avait, c’était fantastique.

Moi : Tout à fait vrai. J’ai d’ailleurs lu votre livre sur les plantes Nord-Américaine qui est très bien.

Mr Couplan : Oui, c’est une bonne base.

Moi : Au niveau des plantes, qu’est-ce qui vous a poussé à en faire votre métier ? Certes, vous avez été élevé dans ce milieu.

Mr Couplan : Non, pas vraiment. J’étais parti pour faire polytechnique. Mon père avait fait St-Cyr donc j’allais faire polytechnique.

Moi : Et qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Mr Couplan : Mai 68 d’abord. Ensuite, toutes les diverses substances en tout genre que j’ai prises avec lesquelles j’ai exploré le monde. Puis un oncle à moi qui m’a branché sur la voie du végétal, un instituteur à la retraite qui était poète et qui m’a appris la botanique. Donc différentes personnes qui m’ont fait prendre conscience qu’il était possible de penser différemment de ce qu’on attendait de moi. Et puis, moi-même qui n’avait pas envie de faire parti de l’élite de la nation française. J’avais envie de vivre. C’est beaucoup plus simple de vivre avec des plantes que de vivre dans un monde où les rapports sociaux sont biaisés et fatigants ; qui sont plein d’hypocrisie. Donc le choix était rapidement fait pour moi quand j’avais une vingtaine d’années de partir vivre dans les bois et passer du temps avec les plantes plutôt qu’avec des gens qui ne me paraissaient pas forcément très intéressants. Ensuite, j’ai rencontré des gens très intéressants aussi et toutes sortes de choses. A un moment, les américains, toujours très pragmatiques, m’ont dit : “Ecoutes, avec tout ce que tu sais, tu devrais en faire ton métier.” Ils m’ont fait un peu visiter, et je me suis lancé. Ca a fort bien marché. Tout s’est développé parce que je travaille 16h par jour et je ne fais pas de différences entre le travail et le loisir.

Moi : Plus précisément, pourquoi avoir choisi la cuisine, la nourriture à base de plantes plutôt que la médecine ou le côté thérapeutique ?

Mr Couplan : Parce que tous les jours je mange et que quand je mange bien, je ne suis pas malade. Je ne vois aucun intérêt à s’intéresser aux plantes médicinales si ce n’est d’avoir la vocation d’aider à alléger les souffrances du monde. Moi, ce n’est pas mon truc. Par contre, partager un repas avec des gens, partager des moments de plaisir, ça fait partie de la convivialité de l’existence je trouve. D’une part, mais pour les propriétés médicinales, il faut les connaître bien sûr et on tombe forcément malade à un moment où à un autre. Alors mieux vaut se soigner avec des plantes plutôt qu’avec autre chose, c’est même généralement préférable. Mais pour moi, ce n’est pas une fin en soi. Mieux vaut prévenir que guérir. La meilleure façon de se soigner, c’est de ne pas tomber malade.

Moi : C’est très juste.

Mr Couplan : Oui, c’est tellement juste et les gens tellement tordus qu’en général ils n’y pensent pas.

Moi : C’est vrai que cette pensée arrive souvent en dernier.

Mr Couplan : C’est bête. Pas tout le monde ne réagit de cette manière, mais quand même. C’est carrément institutionnalisé. Il y a plein de choses à dire.

Moi : Pour finir, avez-vous un dernier mot, une phrase que vous voudriez de partager avec les lecteurs ?

Mr Couplan : Ce que j’aurais envie de dire aux gens qui peuvent me lire à travers vous, c’est “Prenez le temps”. Prenez le temps, posez-vous, asseyez-vous à côté d’une plante et regardez-la, observez-la, touchez-la, dessinez-la, identifiez-la, mangez-la, méditez à côté d’elle. Faites ce que vous voulez mais rencontrez les plantes. Les plantes sont des êtres vivants qui sont comme nous et qui existent sur terre et avec qui nous devons partager l’espace déjà, c’est une chose. Et ensuite, ouvrez-vous à la possibilité que tous ces autres êtres vivants vous apprennent des tas de choses sur vous-même et sur le monde. C’est très simple ce truc-là et ça va très très loin. Et ça se fait avec la plante vivante, où elle pousse, pas avec la plante séchée dans les bocaux des herboristes. C’est ça qui soigne. Si vous voulez vraiment vous soigner, écoutez-moi, faites ça. Ca marche beaucoup mieux sur le long terme, sur tous les plans.

Moi : Bien sûr, je suis totalement d’accord avec vous.

Mr Couplan : Voilà ce que je dirais aux gens.

Moi : Merci beaucoup pour cet interview, et pour m’avoir accordé un peu de temps. A très bientôt.

 

 

Pour tous ceux qui souhaite en savoir plus, ou qui sont intéressé par son travail, vous pouvez le retrouvez sur son site internet : couplan.com

Et voici quelques livres très instructifs qu’il a écrit :

                             

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